Pendant des siècles, les côtes catalanes subirent les pillages de pirates et de corsaires issus de tous les coins de la Méditerranée. Les chroniques parlent déjà d’attaques perpétrées au Moyen Âge par des flibustiers provenant d’endroits très différents comme Majorque ou Gênes. Dans les films, ces brigands aguerris de la mer attaquaient généralement des endroits comme la Jamaïque ou d’autres ports des Caraïbes, mais saviez-vous que quelques localités comme Castelldefels ont aussi subi ce type d’invasions ?

Castelldefels héberge précisément un témoin privilégié de ces incursions pirates : le château de Castelldefels. Celui-ci accueille Piratia, une exposition immersive, une expérience audiovisuelle pensée pour toute la famille avec des activités interactives qui enchanteront les enfants. Une excellente manière de découvrir l’histoire de ce phénomène en Méditerranée à travers des jeux et d’autres propositions ludiques.

Piratia vous propose de monter à bord d’un bateau pirate et de découvrir le trajet que réalisait ce type de navire. Les activités vous permettront de découvrir comment les habitants de Castelldefels de l'époque tentaient de se défendre de ces incursions.

Le choix du château de Castelldefels pour héberger cette exposition n’est pas un hasard, car l’histoire de cette forteresse est liée à la piraterie. À l’époque du Moyen Âge, il était déjà un bastion de protection face à ces attaques. Mais entre 1462 et 1472, ses remparts furent détruits lors de la guerre civile catalane. Lorsque revint une période d’activité intense des corsaires barbaresques en 1550, les habitants de la localité du Baix Llobregat demandèrent la reconstruction de ces fortifications.

En quoi consistaient ces attaques ? Les pirates se rapprochaient de la côte la nuit pour ne pas se faire repérer et attaquaient directement ou attendaient l’arrivée ou le départ d’un navire portant un chargement précieux. Faisant parfois plus d’un assaut en l’espace de plusieurs jours, ils se cachaient alors dans des criques peu surveillées. Lors de leurs incursions, leur objectif était de capturer des esclaves – principalement des jeunes, hommes et femmes – et de voler les objets de luxe qu’ils trouvaient : or, bijoux, tissus de qualité…

Connaissez-vous la plage de la Fragata, à Sitges ? Savez-vous d’où vient son nom ? En 1700, alors que les attaques des corsaires se poursuivaient au nord de l’Afrique, la commune d’El Garraf demanda la permission de construire sa propre frégate, cachée sur cette plage pour surprendre les navires qui s’approchaient avec des intentions peu amicales.

Évoquer la piraterie et les villages côtiers implique forcément une référence à des festivités comme la Fête des pirates de Premià de Mar, qui a lieu au début du mois de juillet dans le cadre des fêtes patronales de la localité. À cette occasion, des pirates barbaresques débarquent sur la plage de Bellamar et assaillissent la ville pendant qu’un groupe de tireurs munis de tromblons tentent de les repousser. Lancée en 1996, cette reconstitution est devenue un grand classique de l’été.

Curieusement, il n’existe aucun registre des grandes incursions de pirates à Premià de Mar. De nombreuses autres communes côtières ont cependant copié l’idée et organisent des festivités similaires, comme par exemple à Cubelles, où – également au début du mois de juillet – le passé est remémoré à travers une fête pirate d’été. Là-bas, de nombreuses chroniques évoquent les attaques de pirates dès le Moyen Âge. Par exemple, en 1406, la reine et comtesse de Barcelone, Violant de Bar, fit terminer les remparts de la ville.

D’autres endroits comme Pineda de Mar rappellent aussi leur passé lié aux incursions pirates. La Route de la Terre à la Mer, qui permet de découvrir huit siècles de l’histoire locale, fait quelques références à la figure de Dragut, un corsaire de Barbarie, lieutenant du fameux Barberousse, qui attaqua la ville en 1545 avec 11 galères et mit feu à la ville.

Le folklore catalan est très marqué par ces incursions pirates. Si vous vous rendez à une fête organisée dans une ville côtière où il y a des géants, il est plus que probable que l’un deux représente un de ces personnages, comme par exemple Garrofa à Mataró, Omar et Ester à Premià de Mar, Dragut à Pineda, Barbe-blanche et Taruk à Sitges, et le Géant à la Matraque à Vilanova i la Geltrú.

Par ailleurs, les pirates ont également exercé une influence sur les toponymes des côtes de ces régions. Lorsque deux communes ont un nom pratiquement identique et ne se différencient que par la désignation « de Dalt » ou « de Baix » (d’en haut ou d’en bas) ou « de Munt » et « de Baix » ou « de Mar » (d’en haut ou d’en bas ou sur-Mer), cela veut dire que la population s’est déplacée vers l’arrière-pays pour éviter les incursions.

Ces histoires ont éveillé votre curiosité quant au passé des communes de la côte des régions de Barcelone ? Rien de tel que de vous lancer cet été dans l’aventure pour suivre les traces d’un ou l’autre pirate ! Peut-être trouverez-vous un trésor…